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LES ARMOIRIES. LECTURE ET IDENTIFICATION

par Emmanuel de Boos

Nouvelle édition en ligne

Première partie : Les armoiries. Notions générales
6. Variante et imprécision dans la représentation des armoiries

Le lignage de La Roche-Bernard porte d’or à une aigle bicéphale de sable. Dans l’armorial Beyeren, cette aigle est représentée avec seule tête.
La Haye, Koninklijke Bibliotheek, ms. 79 K 21. fol. 6v.

L’héraldique est une science vivante, souple, où l’usage prévaut sur le code. Il n’existe pas de respect absolu de la forme théorique, d’où l’existence de variantes de représentation. Il ne faut pas confondre une variante, sans signification héraldique avec une brisure qui signale un cadet.

Au Moyen Âge, il n’y a pas de règle rigoureuse pour représenter les armoiries. L’exécutant se doit « de respecter les grandes lignes, mais peu le détail, une assez large part étant abandonnée à sa fantaisie ». Les règles n’apparaissent qu’au XVIe siècle, avec la codification des dimensions des meubles, de l’épaisseur des pièces, de leur position, etc.

Jusqu’au XVIe siècle, les variantes restent nombreuses. Elles peuvent être dues à la méconnaissance des armes à représenter, à la négligence ou à l’ignorance des règles du blason ou encore à la volonté délibérée de l’artiste. À l’époque moderne, les armoiries sont également beaucoup moins figées qu’on ne le pense ; si des règles de composition sont fixées, elles ne sont pas toujours respectées par les artistes ou les artisans.

Deuxième sceau des foires de Champagne (1267) : les potences et contre-potences chargeant les cotices sont ici remplacées par des diaprures.
Paris, Arch. nat., sc/F 4891

La catégorie technique de la représentation est facteur de variations. En sculpture ou en gravure, l’absence ou l’emploi erroné des hachures sur le champ ou les figures sont courants. Si, en peinture, des erreurs de couleurs ont pu être commises, il faut savoir que l’oxydation des pigments colorés entraîne parfois des modifications de coloris : l’argent vire au sable, l’azur au sinople ou au sable. Mais les variantes les plus fréquentes restent, quelque soit la technique de la représentation, l’omission des petites figures et l’aménagement des détails au goût de l’artiste ou du commanditaire. En outre, on pourrait citer d’innombrables exemples d’écus où les traits de partition sont incorrects, les brisures omises, les figures contournées (n° 301), les chefs confondus avec des coupés, les bandes avec des barres, les croix avec des sautoirs ou même des chevrons ; où les animaux rampants sont représentés passants, où les aigles bicéphales deviennent monocéphales, etc.

 

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