Comptes rendus de lecture

Arnaud d’ABZAC, De l’un en l’autre, collection de cédéroms d’héraldique, Paris, chez l’auteur, 1998-2001. Diffusion : Sector (14, rue des Rasselins – 75020 Paris)

Lors de la table ronde organisée par notre société sur l’héraldique et l’informatique en 1991 à l’École des chartes, Michel Pastoureau avait insisté sur les difficultés du codage de la langue du blason, d’une richesse et d’une souplesse redoutables. Rendant hommage aux entreprises pionnières, il avait souligné les promesses offertes par une évolution en cours : l’accroissement des mémoires des ordinateurs, même de type domestique, et, de là, la possibilité de recourir à une langue non codée, de faciliter l’exploitation des données par des tris de plus en plus efficaces et rapides. Dix ans plus tard, non seulement les bases de données armoriales informatisées se sont multipliées, mais aussi différents systèmes de dessin héraldique par ordinateur ont été mis au point.

Sans doute possible, la collection de cédéroms de M. d’Abzac est l’entreprise la plus aboutie à la fois par l’ampleur des données qu’elle intègre, par sa facilité d’utilisation et par le charme de ses dessins. Actuellement elle comporte en premier lieu cinq cédéroms formant un vaste armorial de France. S’y trouve compilé un nombre impressionnant d’armoriaux de différentes époques, les uns portant sur l’ensemble du territoire, les autres, régionaux couvrant la moitié sud et le quart ouest du pays. Deux cédéroms doivent bientôt compléter la carte à l’Est et au Nord. Une immense bibliothèque héraldique, riche de dizaines de milliers d’armoiries, se trouve ainsi disponible en quelques disques. L’origine de chaque information est signalée, ce qui est très important du point de vue critique.

Les recherches sont d’une facilité déconcertante et d’une grande rapidité, qu’elles portent sur les armoiries attachées à un nom ou sur l’identification d’armoiries anonymes. Le maniement du logiciel ne demande aucune compétence préalable en héraldique, l’outil étant conçu pour servir à la fois au spécialiste, à l’amateur comme au néophyte. Pour ce dernier, d’ailleurs, un petit guide permet d’acquérir les notions de base. De plus, à chaque pas, l’utilisateur peut se faire préciser la définition d’un terme et obtenir les dessins correspondants.

Un cédérom spécial est d’ailleurs consacré au dessin héraldique et permet de créer à peu près toutes les armoiries imaginables. La facilité de son utilisation en fait un véritable jeu. Il faut saluer l’originalité de l’œuvre de M. d’Abzac sur ce point particulier du dessin. Loin de se contenter du graphisme sec et des couleurs plates et criardes qui sont si répandus aujourd’hui en ce domaine, l’auteur a composé à la main des milliers de dessins s’inspirant de l’évolution du style héraldique, du Moyen Âge à nos jours ; émaux, métaux et fourrures, reproduisant l’effet de la gouache et du pinceau, donnent vie à toutes ces compositions. Au-delà du dessin héraldique informatisé, l’œuvre produit finalement de véritables enluminures…

La réussite de cette entreprise a pour secret l’inépuisable énergie de son auteur, activement doublée de celle de Mme d’Abzac, et le talent d’un informaticien, M. Benoît Cropsal. Rendons hommage au travail accompli : il rend déjà de grands services aux héraldistes et est propre à faire naître le goût des armoiries chez un très large public.

Jean-Luc CHASSEL
Extrait de la Revue française d’héraldique et de sigillographie, t. 69-70, 1999-2000, p. 69

 

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