Comptes rendus de lecture

Chartrier de Nidernai. Tome. 1 : Inventaire des chartes et Tome 2 : l’Inventaire des papiers, éd. Christine HEIDER, sous la direction de Bernard METZ. Tome 3 : Charles HAUDOT, Répertoire des sceaux. Strasbourg, Région Alsace, 2000 (Archives de la région Alsace), 3 vol., 16×24,5 cm, 341+330+119 p., ill. noir et blanc et couleur.

Le chartrier du château de Nidernai, dans le Bas-Rhin, mena-cé de dispersion, a été heureusement acquis en 1986 par le con-seil régional d’Alsace: il forme un des principaux fonds nobiliaires de la région, du XIIIe au XXe siècle. Il regroupe des archives de familles de premier plan (Bock de Blaesheim-Gertsheim, Landsberg, Reinach-Werth) et celles du couvent de Truttenhausen (désaffecté et acquis par les Landsberg au XVIe s.).

Il ne nous revient pas de commenter ici l’ensemble de cet inventaire, qui rendra de grands services aux historiens. En revanche, parce que tant de savantes publications de ce type ont fait l’impasse complète sur les sceaux qui valident les actes et font donc partie intégrante d’un chartrier, nous rendons un hommage particulier au travail de notre collègue M. Charles Haudot, auteur du tome 3. Après avoir passé de patientes années à recenser, identifier, classer et mouler les empreintes, le répertoire qu’il nous offre est à la mesure de l’importance du fonds : pas moins de 947 empreintes de sceaux, auxquelles s’ajoutent les contre-sceaux, du XIIIe au XVIIe siècle, tant sur parchemin que sur documents en papier (776 numéros), ou encore détachés (171 numéros).

L’objet de la publication n’étant pas d’accomplir le catalogue descriptif des sceaux (pas plus que l’édition du chartrier), les tables dressées par M. Haudot, parfaitement efficaces, signalent l’identité du sigillant, sa catégorie sociale, la date de l’empreinte, sa dimension, son type, la couleur de la cire, des particularités de scellement (berceau, boîte) – mais la nature des attaches n’est pas indiquée –, et bien sûr la cote de document. Les informations sont présentées sous deux formes : liste par cotes d’empreintes, liste par sigillants (selon l’ordre habituel aux inventaires sigillographiques). Une couverture photographique complète, réalisée sur les moulages (qui offrent une meilleure lisibilité), accompagne le répertoire.

M. Haudot a compté 142 empreintes de sceaux de rois de France (Louis XIV et Louis XV) et d’empereurs germaniques (de Louis IV à Léopold Ier), 450 de membres de familles princières (ducs d’Autriche, de Lorraine, de Wurtemberg, margraves de Bade, comtes palatins, comtes de Deux-Ponts, de Nassau-Sarrewerden, de Hanau-Lichtenberg, etc), 128 de membres de lignages nobles ou notables (Andlau, Beger de Geis-polsheim, Landsberg, Rathsamhausen, patriciens de Strasbourg ou d’Obernai, etc.), 44 de femmes laïques, 12 de gens de métiers, 43 de villes et d’institutions laïques, 117 de sceaux ecclésiastiques (notamment évêques de Strasbourg de 1397 à 1772, abbesses d’Andlau des XVIe-XVIIe s.).

Plus de 9 sceaux sur 10 sont armoriaux ou armoriés : on mesure le profit que l’étude de l’héraldique alsacienne médiévale et moderne peut tirer de ce recueil… comme de l’ensemble de l’œuvre de M. Haudot, fondateur et conservateur du Musée du sceau alsacien de La Petite-Pierre, auteur notamment de Quatre mille sceaux d’Alsace et d’ailleurs (Strasbourg, 1972) et du Répertoire des sceaux des localités du Bas-Rhin (La Petite-Pierre, 1993 : compte rendu dans RFHS, t. 64, 1994, p. 260).

Jean-Luc CHASSEL
Extrait de la Revue française d’héraldique et de sigillographie,t. 71-72, 2001-2002, p. 166

 

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