Conférences de l’année 2019

Retrouvez sur cette page le programme et les présentations des conférences données à la Société française d’héraldique et de sigillographie au cours de l’année 2019 (Paris, CARAN, puis IRHT – 3e jeudi du mois, de 17h à 19h).

Jeudi 17 janvier 2019 – Conférence de Michel Pastoureau, directeur d’études honoraire à l’EPHE, président d’honneur de la SFHS : « L’héraldique et l’emblématique du loup (XIIe -XVIIe siècle) ».

Jeudi 21 février 2019 – Conférence de Christophe Rousseau-Lefebvre, docteur en Histoire, titulaire du post-doctorat de l’EPHE : « Les décors emblématiques de la cathédrale d’Angers. État des recherches nouvelles (XIIIe -XVIIIe siècle) ».

Jeudi 21 mars 2019 – Conférence de Carla Bozzolo, directeur de recherches émérite au CNRS, et Hélène Loyau, ingénieur de recherche honoraire à l’IRHT : « La Cour amoureuse, dite de Charles VI : héraldique, politique, société et culture au XVe siècle ». Voir le résumé.

Jeudi 18 avril 2019 – Conférences de Christian de Mérindol et de Clément Tisseyre.

Christian de Mérindol :  « A propos des couvre-chefs héraldiques ». Une vaste enquête sur les couvre-chefs au Moyen Age  mérite toute notre attention, notamment dans le domaine de l’emblématique et de la symbolique. Des publications et recherches ont récemment enrichi le dossier.Le propos est de l’éclairer par l’étude des chapeaux de Charles VII, qui renouvelle, en particulier, l’approche de cimiers,d’armoriaux,d’entrées dans les villes et celle, inattendue, de l’illustration d’oeuvres littéraires,et ainsi de mieux différencier,par ces emblèmes,leur signification politique, ou autre ,et de reconstituer, notamment, la belle aventure d’un des chapeaux de Charles VII dans le royaume et hors le royaume.

Clément Tisseyre (étudiant de l’EPHE) : « Fiers d’être Châtillon ! ». Emblèmes, identités et pouvoirs des comtes de Châtillon-sur-Marne (1205-1450) ». De l’imposant massif héraldique que nous lègue l’Occident médiéval, tout un chacun retiendra quelques armoiries des grandes familles royales et princières. Certaines familles de la petite noblesse ont réussi la gageure de se hisser dans la hiérarchie féodale et de passer à la postérité. Les comtes de Châtillon-sur-Marne sont de ceux-là. Aux origines modestes, ce lignage champenois, dont le nom surgit à la croisade, connaît au tournant du XIIIe siècle une vertigineuse ascension sociale, laquelle s’appuie dans les faits sur une stratégie matrimoniale complexe. Les enchaînements d’alliances hypergamiques, notamment avec la famille royale, placent ce lignage parmi les plus en vue de l’entourage du souverain capétien. Le poids de la matrilinéarité joue ainsi un rôle particulier dans la construction de ce lignage, la défense de ses ambitions politiques et dans la revendication d’ascendances prestigieuses. L’identité nobiliaire des seigneurs de Châtillon se manifeste alors à travers les sceaux, signes authentiques d’une memoria familiale, reposant sur la distribution du nom et des armes.

Jeudi 16 mai 2019 – Conférences de Robert Aillaud  et de Laurent Hablot.

Robert Aillaud : « Un retable en albâtre portant les armoiries des membres de la famille royale française (Charles V) découvert à Saint-Antoine-l’Abbaye (Isère) ». Un témoignage unique de l’intervention artistique et votive du roi en Dauphiné. L’intervention a permis de resituer l’oeuvre dans son contexte technique, historique et héraldique.

Laurent Hablot (directeur d’étude à l’EPHE) : « La matrice de sceau de Jehan Du Cigne ». L. Hablot présente une matrice récemment passée en vente du sceau de Jehan du Cigne, alias Giovanni del Cino, membre d’une famille florentine qui avait déjà suscité l’intérêt de Léon Mirot et qui a été intégrée à l’hôtel du roi Charles V et bénéficie d’une des premières concessions d’armoiries aux lis encore documentée. Illustrée par plusieurs empreintes connues, cette matrice est l’occasion de revenir sur cette pratique de la concession des lis de France et la pérennité de ces armes « du Signe » dans les sources héraldiques.

Jeudi 20 juin 2019 – Conférence d’Edouard Bouyé, directeur des Archives départementales de la Côte-d’Or : « Patrimoine moscovite en Révolution (depuis 1917) : aperçu de symbolique russe ». Les Soviets font disparaître toute l’emblématique tsariste. Certaines églises emblématiques sont détruites, telle la cathédrale du Christ Sauveur, qui aurait dû être remplacée par une cathédrale du socialisme. Les monuments évoquant l’Ancien Régime sont muséifiés, appropriés, dénaturés ; un effort est fait pour conserver les églises remarquables du point de l’art. La vexillologie des républiques socialistes soviétiques fait un emprunt, dans les années 1950, au procédé de la brisure héraldique : façon de faire oublier les racines historiques de ces républiques, et de montrer leur subordination à la mère de ces républiques sœurs, l’URSS.

Depuis 1990, on assiste à une destruction sélective du patrimoine soviétique, avec ou sans reconstruction des édifices remarquables. La damnatio memoriae est partielle, comme le montrent, par exemple, la persistance de statues de Lénine dans l’espace public ou la conservation de noms soviétiques pour les stations de métro.

L’armée (statues, parades, uniformes, armes) est un facteur de continuité de la Russie contemporaine avec la Russie soviétique. Mais, parallèlement, on observe la construction ex nihilo de monuments et d’icônes exaltant la Sainte Russie, qui voisinent d’ailleurs avec des emblèmes soviétiques jusque sur les bâtiments officiels.

La Révolution soviétique exaltait le peuple, le prolétariat et la Révolution. Depuis les années 1990, l’État russe est soutenu par l’Église et par l’Armée, et incarné par un pouvoir fort. Les monuments et symboles soviétiques sont conservés dans la mesure où ils servent ce dessein d’exaltation de la Russie patriotique et orthodoxe.

Jeudi 17 octobre 2019 – Conférence de Laurent Macé, professeur à l’université de Toulouse Jean-Jaurès : « L’emblématique des comtes de Toulouse, XIIe-XIIIe siècles ».

Dans la seconde partie du XIIe siècle, les comtes de Toulouse conçoivent des marques de cire (sceaux) et de plomb (bulles) qui articulent des enjeux liés à la fois à l’autorité et à la mémoire de leur dynastie. La maison de Toulouse a innové en adoptant une image originale, la position de majesté, pour signifier son alliance prestigieuse et son étroite proximité avec la famille des rois capétiens. Elle fut maintenue par la suite en raison des mariages établis avec des parentes des rois d’Angleterre et d’Aragon. Cette maison a su également se distinguer dans le paysage emblématique d’un large Midi en créant un objet de communication d’une très grande efficacité, la croix raimondenque, c’est-à-dire la croix des comtes Raimond qui, aujourd’hui encore, avec plus ou moins de bonheur, investit notre panorama visuel.

Face à une tradition historiographique prompte à souligner les limites ou les défaillances de l’idéologie toulousaine, il est opportun de rappeler l’importance cruciale de l’instrument sigillaire dans les années 1150-1250, alors que les comtes doivent sans cesse faire face aux tentatives d’expansion de leurs puissants voisins (rois d’Aragon-comtes de Barcelone, rois d’Angleterre-ducs d’Aquitaine, papauté et rois de France). Dans cette situation singulière, la majesté et la croix constituent une réponse visible et tangible ; elles légitiment une autorité dont le sens puise sa source dans la mémoire illustre des ancêtres ainsi que dans le surcroît de prestige que prodiguèrent des unions de renom avec des femmes de rang royal. L’emblématique des comtes de Toulouse a donc été pensée et élaborée dans le contexte politique et religieux du Midi : en se parant du symbole de la croix, les Raimond ont, comme de nombreux princes, recherché la protection de Dieu.

Jeudi 21 novembre 2019 – Conférence d’Alexandre Goderniaux, assistant à l’université de Liège : « Le rôle de l’héraldique dans les polémiques des guerres de Religion ».

 

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