Comptes rendus de lecture

Gérard DETRAZ, Catalogue des sceaux médiévaux des Archives de la Haute-Savoie, Annecy, Archives départementales de la Haute-Savoie, 1998, 21×29,7 cm, 280 p.

Après la Dordogne (1), c’est au tour de la Haute-Savoie de disposer d’un inventaire du patrimoine sigillographique de ses Archives départementales, répondant aux exigences scientifiques actuelles. Mais si le présent inventaire ne porte que sur les fonds médiévaux, l’usage du sceau en Savoie a été sans doute plus développé que dans le Sud-Ouest, ce qui explique que l’ensemble documentaire ici décrit soit bien plus abondant (408 notices de sceaux ou de contre-sceaux).

Les notices sont classées en sceaux laïcs et sceaux ecclésiastiques, selon les grandes divisions habituelles. Chacune, accompagnée d’une photographie, décrit l’iconographie, la légende, le mode d’apposition, donne de brèves informations sur les actes auxquels les empreintes sont appendues, sans retenir toutefois la formule d’annonce du scellement. Les références bibliographiques sont soigneusement précisées, notamment aux œuvres de Cibario et Promis (2) et de Galbreath (3). L’inventaire possède une table méthodique des sceaux, un index alphabétique des sigillants, précédé d’un tableau des toponymes localisés, et enfin une table héraldique.

L’enrichissement des connaissances sigillographiques que fournit cet ouvrage est important. Le plus ancien sceau conservé est celui de Guillaume, frère du comte Humbert de Genève, appendu à une charte de 1204 en faveur du prieuré de Chamonix (il s’agit d’un type équestre, mais sans armoiries). Du XIIIe au XVe siècle, de fort beaux sceaux seigneuriaux sont recensés (parmi les familles les plus importantes : La Tour-du-Pin, Vienne, Faucigny, Chalon-Arlay) ; on trouve également quel-ques sceaux de non-nobles : un médecin de Genève, un procureur syndic des marchands de Milan, plusieurs juristes ou encore ces quatre notaires qui authentifièrent le testament du comte Amédée III de Savoie en 1360 ; mais, sans parler de la question du notariat, l’usage apparemment très répandu des sceaux de juridictions laïques ou ecclésiastiques, que le présent travail recense avec précision, a certainement limité la diffusion du sceau en dehors des élites. Bon nombre de sceaux décrits sont inédits et nous en découvrons même chez les familles comtales de Savoie et de Genève. L’auteur a d’ailleurs été le premier à montrer les apports de son inventaire dans une très solide étude publiée depuis (4).

Nous avons déjà formulé le vœu que se multiplient de tels inventaires, qui portent sur une partie spécialement fragile et menacée de notre patrimoine historique. La qualité du présent travail ne peut que nous donner raison.

Jean-Luc CHASSEL
Extrait de la Revue française d’héraldique et de sigillographie, t. 69-70, 1999-2000, p. 167

1. Cf. notre compte rendu, RFHS, t. 65, 1995, p. 173.
2. Sigilli de’principi di Savoia, 1834.
3. Sigilla Agaunensia, 1927, et Inventaire des sceaux vaudois, 1937.
4. « Emblématique et pouvoir du prince : les sceaux des comtes de Genève et leurs graveurs (1124 – 1394) », Arts et artistes en Savoie. Actes du XXXVIIe congrès des sociétés savantes de Savoie. Thonon-les-Bains, 19 et 20 septembre 1998, Thonon, Académie chablisienne, 2000, p. 157-181.

 

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