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LES ARMOIRIES. LECTURE ET IDENTIFICATION

par Emmanuel de Boos

Nouvelle édition en ligne

Deuxième partie : L’identification d’une armoirie
Pour identifier une armoirie, il importe de respecter les étapes suivantes :

  • repérage
  • blasonnement
  • analyse
  • consultation des instruments d’identification
  • analyse des ornements extérieurs
1. Repérage de l’armoirie

Lorsque l’armoirie est portée par un écu, les notions générales qui précèdent doivent permettre de la reconnaître sans la confondre avec d’autres figures symboliques, emblèmes, ou ornements. La difficulté, dans ce cas, peut venir de ce qui entoure l’écu : où s’arrêtent les ornements extérieurs qui font partie des armes, et où commencent les motifs purement décoratifs ? Dans ce domaine, l’expérience est irremplaçable. Mais elle peut s’acquérir rapidement, par exemple en observant les illustrations de l’ouvrage d’O. Neubecker, Le grand livre de l’héraldique, adaptation française de Roger Harmignies, Paris-Bruxelles, Elsevier, 1976-1977, rééd., 1993.

De gauche à droite:
Portière des gobelins aux armes de France : on a du mal à faire la part entre les ornements extérieurs et les éléments décoratifs. New York, Metropolitan museum, inv. 54.149.
Codex de Sainte Marthe : sur cet écu aux armes de Charles d’Anjou-Sicile, la bordure componée est purement décorative. Naples, Arc. Stat. 99 C.I, fol. 3.
Plafond dit « du républicain lorrain » : les poutres armoriées alternent avec des motifs de style héraldique mais non signifiants d’étoiles rouges sur fond blanc. Metz, Musée de La Cour d’Or.

L’armoirie sans écu est plus difficile à repérer, car malgré la fréquence de son emploi, l’écu n’est qu’un élément facultatif en héraldique. La surface sur laquelle l’armoirie est représentée n’a pas besoin d’être délimitée par un contour spécifique. Elle peut très bien être directement figurée sur une surface dont les limites constituent également ses propres limites. Il en est ainsi des vêtements, des housses de chevaux, des gonfanons et des nombreux objets d’art ou de la vie quotidienne. En fait, bien souvent, tout dépend du support et de l’imagination de l’artiste.

De gauche à droite:
Portrait équestre du roi d’Aragon : les armoiries recouvrent chacun des éléments de la housse. Paris, Arsenal, 4790, fol. 108.
Sceau héraldique de la ville de Lucheux : le champ du sceau sert d’écu et n’est rempli que par le meuble des armoiries (un brochet). Paris, arch. nat. sc/D 4010
Clé de voute armoriée du chœur de la cathédrale de Chartres : les armes d’Hugues IV de Bourgogne recouvrent les côtés et les nervures de la clé sans être dans un écu.

Au Moyen Âge et à la Renaissance, on rencontre assez souvent des armoiries intégrées à un décor (pavement, tapisserie, compartiment de voûte ou de plafond, etc.). Les meubles sont alors représentés en une sorte de semis. Voir par exemple les tapisseries du chancelier Rolin conservées aux Hospices de Beaune, où les clefs des Rolin alternent avec les tours des Salins-la-Tour (armes de la femme du chancelier) et avec des devises. Cette pratique disparaît presque totalement au XVIIe siècle.

Antependium en tapisserie aux armes de Nicolas Rolin et de Guigone de Salins.
Beaune, musée des hospices.

 

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